Victoria exerce aujourd’hui un métier furieusement tendance dans nos sociétés tentant de tourner le dos au jeunisme : « mannequin senior ». Même si « senior » lui correspond si mal. D’ailleurs aux USA où elle a décidé aujourd‘hui de « faire carrière », on parle de « classic model ». Plus classe ! Car cette boule d’énergie au sourire si spontané, va là où le vent, son enthousiasme la porte. Et est totalement ancrée dans son époque, étant une véritable « slasheuse » avant l’heure.
Texte et photo en intérieur Virginie Urbini Gorse (www.jeunevieillispas.com)
Victoria Corbasson : Instagram @victoria.corbasson (www.instagram.com/victoria.corbasson)
Agence Silver en France, rolemodelsmgmt aux USA
« J’ai fait mes premiers pas dans le mannequinat à 13 ans. J’ai tout de suite compris que ce métier, pour moi qui ne travaillais pas beaucoup à l’école, allait me permettre de bien gagner ma vie et de beaucoup voyager. »
Effectivement, elle plaque le lycée et elle voyage. Vers 23 ans un peu lasse de n’être que mannequin, elle s’intéresse à la photo. Elle part alors à Miami en tant qu’assistante de photographe pour le shooting d’un catalogue. Toute l’équipe rentrera à Paris, elle reste.
Elle y rencontre son futur mari, entraineur de chevaux de courses. Ils parcoureront ensemble les USA avant de rentrer s’installer en France, à Chantilly.
« Atteinte d’endométriose, j’entreprends un douloureux parcours du combattant pour avoir des enfants. Et pour ne pas devenir dingue, je commence une analyse. Cela me passionne, j’ai une véritable révélation pour la psychanalyse. Je veux alors transmettre tout ce que cela m’a apporté. Je me remets aux études. Je cours les conférences. Je lis des tonnes de publication. Je vais ensuite m’installer comme psychanalyste à Chantilly. »
Mais, elle finit par divorcer et ses 2 filles sous le bras vient s’installer à Paris où elle se constitue une nouvelle clientèle. Pour arrondir les fins de mois elle devient également « guide touristique de luxe ».
« En 2015, une amie me conseille de refaire du mannequinat. M’expliquant qu’il y avait vraiment un nouveau mouvement « silver ». Effectivement je trouve quelques petits boulots… Mais les filles grandissent et mon envie d’un ailleurs revient. Et, là, jolie coïncidence de la vie, je rencontre un brésilien dans un café en bas de chez moi. Coup de foudre. J’organise une coloc pour ma fille ainée dans notre appart. Ma cadette, passionnée de cheval vit chez son père. Je suis mon nouvel amoureux à Rio puis à Sao Paulo. »
Victoria intègre une agence de mannequins locale et commence à bien bosser. Elle gagne en fait au Brésil sa légitimité de mannequin. Ce qui ne l’empêche pas de s’essayer avec passion à la céramique !
Son couple bat de l’aile. Alors, cela sera la Californie ! Elle y prépare son installation à distance : inscription dans une agence, demande de visa, recherche d’une colocation…
« Aujourd’hui, j’ai tout vendu. Il ne me reste que 4 valises et 2 lampes. C’est plus facile de faire carrière aux Etats-Unis. Il y a une telle énergie, les gens se bougent, c’est efficace. Dans le milieu des mannequins « matures », il y a une vraie communauté, beaucoup d’entraide. Je me sens hyper à l’aise là-bas entre mer et montagnes. Je ne connais pas le sentiment de déracinement. Ce qui rend fou, c’est de tourner en rond. Il faut toujours avoir en tête l’idée que tu peux toujours faire différemment. Et si tu te plantes, quelle importance ! Ici, je continue aussi la céramique et pourquoi pas me remettre un jour à pratiquer la psychanalyse. Sur la lettre accompagnant l’obtention de mon visa américain, il est écrit : « With Extraordinary Ability» . Voilà, j’arrive à Los Angeles, j’ai la cinquantaine et je suis extraordinaire !