Une destination où nous sommes toutes ou presque allées, enfant, avec l’école ou avec nos parents ! A re-découvrir (ou découvrir) de toute urgence à compter du 1er avril
Par Vinciane Alberti
illustration médiathèque du Gouffre de Padirac
Plonger dans les 103 mètres de profondeur du Gouffre de Padirac, c’est avant tout découvrir une formation géologique unique au monde que j’ai le privilège de protéger et d’ouvrir aux visiteurs de tous horizons depuis quinze ans. Déambuler dans les galeries souterraines de calcaire façonnées par les sédiments marins du Jurassique avant de glisser sur la rivière souterraine formée au cœur des roches karstiques est une expérience inoubliable ! Écouter le batelier transmettre ses connaissances géologiques et spéléologiques sur sa barque au milieu du Lac de la Pluie en contemplant la Grande Pendeloque, cette stalactite de soixante mètres, ou être plongé dans le silence des profondeurs révèle un plaisir inédit : être au contact d’une exception naturelle. Et que dire de cette incroyable Salle du Grand Dôme, merveille géologique de quatre-vingt-quatorze mètres de hauteur où l’on pourrait déposer la cathédrale de Notre-Dame de Paris tout entière ? Voilà déjà plus de 130 ans qu’Édouard-Alfred Martel a eu le courage de descendre explorer ce gouffre béant que la légende dit avoir été formé par un coup de talon de Satan lui-même… 130 ans et 25 millions de visiteurs plus tard, le Gouffre de Padirac se vit plus qu’il ne se visite ! Charmée par ce lieu vertigineux, symbole du courage et de la curiosité des Hommes, je souhaite désormais faire connaître le Gouffre de Padirac au-delà de nos frontières grâce à un renouvellement des investissements humains et financiers qui serviront à prolonger l’aventure à travers la médiation culturelle et la mise en avant de notre fond d’archives. Le premier site du patrimoine naturel souterrain français vous dévoile le secret de ses mystères au cœur de cette belle région qu’est l’Occitanie, à quelques encablures du fameux sanctuaire de Rocamadour. Alors, prêts pour cette incroyable aventure souterraine ? Laetitia de Ménibus-Gravier, PDG
Quintessence du monde souterrain
Une descente de 75 mètres au milieu d’une cavité naturelle circulaire de 33 mètres de diamètre, c’est ainsi que débute l’aventure au cœur du Gouffre de Padirac. Les 207 marches de l’escalier d’inspiration Eiffel secondées par trois ascenseurs adossés à la roche karstique préviennent les visiteurs : l’aventure se déroulera dans les entrailles de la Terre !
Retour au Quaternaire où les infiltrations d’eau de pluie creusent les fissures de l’immense plateau calcaire des Causses du Quercy. Les érosions chimiques et mécaniques n’auront alors de cesse de former des galeries, structures géomorphologiques qui prennent l’allure de fleurs de calcaire, de bénitiers d’albâtre, piles d’assiettes, drapés, dentelles, stalagmites et stalactites, comme cette Grande Colonne de 75 mètres de longueur.
Mystères géologiques et enchevêtrements de galeries en mouvement attirent depuis toujours les spéléologues de tous horizons. C’est à travers plusieurs centaines de mètres de marche à pied au milieu des stalactites et stalagmites géantes que les visiteurs découvrent une partie des 42 kilomètres de galeries de roche sculptée et polie par des millénaires d’érosion.
La voix des bateliers guide ensuite l’embarcation sur le sillon d’une rivière souterraine calme qui transporte le visiteur de salle en salle au sein de fissures verticales creusées au cours des âges. Le silence des profondeurs sera à peine dérangé par les larmes d’eau qui gouttent le long de la paroi de la Grande Pendeloque avant de se perdre finalement dans le Lac de la Pluie. Un spectacle grandiose !
La Pile d’Assiettes emblématique du Gouffre de Padirac s’est formée par la chute des gouttes d’eau venant s’écraser sur la roche des dizaines de mètres plus bas et libérant ainsi leur calcaire sur plusieurs centimètres autour de l’impact. Cristaux de calcite collés les uns aux autres, la Pile d’Assiettes est une merveille karstique qui aura mis des siècles à se former.
Un patrimoine naturel à préserver
De l’océan à l’océan, il n’y a qu’un cycle ! Le cycle de l’eau qui débute lors de l’évaporation de l’eau de mer. Refroidie par l’atmosphère, elle se condense et forme des nuages avant de perler sur la végétation au sol. C’est alors que les gouttes d’eau de pluie s’infiltrent dans la terre et la roche pour créer de petits ruisseaux souterrains qui forment enfin la grande rivière en sculptant le calcaire. Une rivière qui poursuit son chemin jusqu’à son exsurgence principale, la Fontaine Saint-Georges, laquelle se jettera à son tour dans la Dordogne avant de terminer sa route dans l’océan Atlantique. Une illustration naturelle du cycle de l’eau à portée de rames.
Les parties non-aménagées du Gouffre de Padirac offrent un refuge inespéré à la faune sauvage. Au moins 8 espèces de chauve-souris, dont trois menacées, ont établi leurs quartiers au cœur de la cavité mais c’est dans la rivière souterraine que vit une faune aquatique étonnante ; le Niphargus, une petite crevette cavernicole blanche et aveugle, et la Bythinelle de Padirac, un petit escargot aquatique de 3 millimètres, espèce endémique au Gouffre de Padirac, sont les principaux garants d’une biodiversité unique en France.
Le caractère exceptionnel du site est, et doit, rester préservé. C’est une priorité absolue pour la société d’exploitation. Niché au cœur du Lot, le Gouffre de Padirac est un écrin naturel unique en France jusqu’à présent épargné par l’activité humaine, les zones rurales en surface étant essentiellement constituées de zones d’élevage. Pour ce faire, aucun moyen de locomotion autre que manuel n’est utilisé dans les galeries : les barques avancent uniquement à la force physique – alliée à l’agilité – des bateliers, qui sont formés pour bateler avec un minimum de prise sur les parois du Gouffre de Padirac. Tout l’enjeu étant d’effacer la « présence humaine » et de se faire le plus discret possible sous terre. Aussi, toujours dans l’objectif de préserver l’évolution naturelle du site, les mousses végétales qui se développent près des sources lumineuses sont régulièrement nettoyées pour conserver ses caractéristiques d’origine.
L’exploration du gouffre
Une descente en ascenseur ou via un escalier de 207 marches, voilà comment débute l’exploration du Gouffre de Padirac. À 103 mètres de profondeur, la visite se poursuit dans la Galerie de la Source et ses parois rocheuses polies par des siècles d’érosion.
Quelques centaines de mètres plus loin, les visiteurs arrivent à l’embarcadère où ils sont accueillis par les bateliers passionnés qui les invitent à glisser pendant plus de 500 mètres sur la Rivière Plane avec un passage sur le mystérieux Lac de la Pluie. Une promenade au fil de l’eau où se dévoilent soudainement la Grande Pendeloque, cette majestueuse stalactite de 60 mètres de longueur.
Débarqués dans une cavité rocheuse, l’aventure se poursuit vers les plus belles salles du Gouffre. Les visiteurs s’engagent dans un rétrécissement du passage le long de la Grande Colonne, monumentale coulée de calcite de 75 mètres de longueur, avant de découvrir le Lac des Gours. Ici, la calcite a créé des barrages gracieusement ondulés et de magni ques miroirs d’eau, expliquant le calme de la Rivière Plane.
L’ascension d’une cinquantaine de marches mène enfin vers l’imposante Salle du Grand Dôme, véritable cathédrale souterraine de 94 mètres de hauteur où trône sagement la fameuse Pile d’Assiettes comme déposée au-dessus du tranquille Lac Supérieur, dernière étape de ce périple vertigineux. Le grand jour est au bout du tunnel !
La formation des saisonniers
J-31 avant la réouverture : Le Gouffre de Padirac et ses futurs saisonniers se préparent activement à la saison 2022.
Tout le mois mars, les saisonniers vont recevoir une formation programmée sur mesure afin d’offrir la meilleure expérience possible aux visiteurs. Quel que soit les corps de métier : accueil, guide-batellerie, restauration, vente, ils seront sensibilisés à l’histoire et la géologie du lieu, formés aux premiers secours, à la sécurité, en plus d’être formés spécifiquement à chacun de leur poste.
Le métier le plus emblématique, celui de guide-batelier/ère, a bien sûr les modules de formation les plus insolites. Guider les visiteurs sur une barque à 103 mètres sous terre, ça s’apprend !
Ainsi, les guides-bateliers/ères apprennent la technique très spécifique du maniement de la rame et de l’embarcation, ils reçoivent des modules poussés en histoire et géologie, ainsi que les conseils d’un guide-conférencier professionnel pour travailler leur discours pédagogique et leur éloquence. Sans oublier une cession récemment intégrée au programme : la préparation physique, dans le but de leur apprendre les bons échauffements et étirements à pratiquer pour entretenir leur condition physique.